Un pasteur aux Aigladines...
Daniel Reymond, "mes souvenirs"...
Parti de Genève, arrivé à Nîmes 3 jours après, fin novembre 1834. Daniel Reymond arrive à Mialet le 25/11/1834.
Il séjourne aux Aigladines jusqu'au 25 mai 1836 avant de se fixer à Aveze près du Vigan.
Dans son ouvrage, il décrit son arrivée et sa vie aux Aigladines. Quelques extraits :
"C'était M. Adrien Moureton qui demandait à M. Guers un instituteur évangéliste pour un poste à fonder dans le Gard, à Aigladines près Mialet, entre Anduze et St-Jean-du-Gard. J'acceptai, désireux que j'étais de me mettre à l'oeuvre sans retard. Mais ma bourse était vide et mon trousseau fort mince, il me fallait donc chercher un appui. Les Eglises indépendantes de la Suisse française venaient d'entreprendre une oeuvre d'évangélisation qui embrassait la Suisse, la France et même le Canada. Ce fut sous les auspices de la commission qui devait diriger cette oeuvre que je me mis en route pour le midi, muni du strict nécessaire pour le voyage. La saison était mauvaise, nous étions en novembre, les voies ferrées n'existaient pas. Le voyage fut long et pénible. Jeune, sans expérience, ne me défiant pas assez de moi-même ; j'eus la maladresse de me laisser voler à Valence où le bateau à vapeur avait dû s'arrêter pour la nuit. Cette malencontreuse aventure répandit sur mon esprit une teinte de tristesse, elle me fut cependant salutaire en me mettant en garde contre la présomption. J'arrivai à Anduze, le lendemain, à la tombée de la nuit, extenué de fatigue. Je dus en escalader les rues étroites et sombres pour atteindre la maison hospitalière d'un excellent ami Delon, qui m'attendait et qui avait reçu l'ordre de me faire conduire tout de suite à Mialet où se trouvait M. Moureton. Après une courte réfection, je dus me remettre en route à pied, accompagné d'un guide armé d'une lanterne, nous pataugeâmes dans la neige pendant deux grosses heures et arrivâmes à Mialet tout mouillés. En traversant le village nous entendimes la voix d'un prédicateur ; c'était M. Moureton qui présidait une réunion. Nous entrâmes et le service fini, nous fimes bonne connaissance ; nous nous rendîmes ensuite à une maison isolée à un quart d'heure du village ; nous y reçumes l'accueil le plus cordial qui me réconforta un peu. Mais la nuit fut terrible. Il n'y avait qu'un lit pour trois ; étant le plus jeune et le plus petit on me mit au milieu. N'osant ni bouger, ni me plaindre, agité, énervé, j'étais là comme dans un four et le sommeil fuyait loin de mes paupières. J'attendis le matin avec plus d'ardeur que la sentinelle. Nous n'étions pas arrivé au bout de nos peines. Il fallait se remettre en chemin par la neige pour arriver à Aigladines, le poste qui m'avait été assigné. Nous y fûmes bien accueillis par le maître de la maison qui devait me fournir un local. Les conventions terminées, on nous servait à déjeuner des châtaignes bouillies (Badjana) que nous devions manger en compagnie des poules. Quoique doué d'un bon appétit, aiguisé par le froid, j'en eus assez de la vue. L'estomac vide, nous dûmes continuer notre ascension par un chemin affreux convert de neige pour arriver à St-Paul la Coste. L'honorable famille Larguier voulait nous retenir pour dîner mais mon protecteur ne voulut rien accepter. Grande fut ma déception (suite dans "vos lectures des Cévennes").
Eygladines ou Aigladines ?
A-t-on toujours écrit "Les Aigladines" ? Cet acte de décés de 1686 concernant Jean Laporte "dit le Cadet d'Eygladines" sème le doute...
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MONS CEBENNA !!
A qui doit-on la première référence aux Cévennes ? Certainement à Jules César, dans ses "Commentaires de la Guerre des Gaules". Pour Jules César, "Les Cévennes, qui forment barrières entre les Helviens et les Arvennes, étaient en cette saison [nous sommes en 52], au plus fort de l'hiver, couvertes d'une neige très épaisse qui interdisait le passage, néanmoins les soldats fendent et écartent la neige sur une profondeur de six pieds et, le chemin ainsi frayé au prix des plus grandes fatigues, on débouche dans le pays des Arvennes. Cette arrivée inattendue les frappe de stupeur, car ils se croyaient protégés par les Cévennes comme par un rempart et jamais à cette époque de l'année on n'avait vu personne, fût-ce un voyageur isolén pouvoir en pratiquer les sentiers". César, De bello gallico.