Poésies sur l'automne...
Matin d’octobre
C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n’est pas l’hiver encore.
Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.
François COPPÉE (1842-1908) Le Cahier rouge
NUIT D'AUTOMNE (CHATEAUBRIAND)
Mais des nuits d'automne
Goûtons les douceurs ;
Qu'aux aimables fleurs
Succède Pomone.
Le pâle couchant
Brille encore à peine ;
De Vénus, qu'il mène ;
L'astre va penchant ;
La lune, emportée
Vers d'autres climats,
Ne montrera pas
Sa face argentée.
De ces peupliers,
Au bord des sentiers,
Les zéphyrs descendent,
Dans les airs s'étendent,
Effleurent les eaux,
Et de ces ormeaux
Raniment la sève :
Comme une vapeur,
La douce fraîcheur
De ces bois s'élève.
Sous ces arbres verts,
Qu'un vent frais balance,
J'entends en silence
Leurs légers concerts :
Mollement bercée,
La voûte pressée
En dôme orgueilleux
Serre son ombrage,
Et puis s'entrouvrant,
Du ciel lentement
Découvrent l'image.
Là, des nuits l'azur
Dans un cristal pur
Déroule ses voiles.
Et le flot brillant
Coule en sommeillant
Sur un lit d'étoiles.
Oh ! charme nouveau !
Le son du pipeau
Dans l'air se déploie,
Et du fond des bois
M'apporte à la fois
L'amour et la joie.
Près des ruisseaux clairs,
Au chaume d'Adèle
Le pasteur fidèle
Module ses airs.
Tantôt il soupire,
Tantôt il désire ;
Se tait : tour à tour
Sa simple cadence
Me peint son amour
Et son innocence.
Dans son lit heureux
La pauvre attentive
Ecoute, pensive,
Ces sons dangereux :
Le drap qui la couvre
Loin d'elle a roulé,
Et son oeil troublé
Mollement s'entrouvre.
Tout entière au bruit
Qui pendant la nuit
La charme et l'accuse,
Adèle au vainqueur
Son aveu refuse
Et donne son cœur.
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Un poème autour de l'automne et encore de Guillaume Apollinaire (merci Jacques).
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
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A la nuit tombante
La pluie légère s'achève sous le vol palpitant
d'une chauve-souris humectée
Le ciel tout entier s'égoutte en moi
s'égoutte avec de plus en plus d'irrégularité
pour compter les espacements du temps
Les forêts noires comme des pubis
tapissent les corps mollement allongés des collines
et dans tout ce sombre ruissellement du soir
j'entends l'ample ralentissement de la nuit
l'étoile du berger en l'air
au lointain, le scintillement frêle
de quelques fermes disséminées
dans la fourrure brune des arbres
et moi qui note tout ça, sans rien voir
des lettres que je trace sur le papier
debout sur le perron tandis que la nuit monte
et m'enveloppe les jambes de son haleine froide
Béatrice Fontanel
"éloge des nuages" - Editions de la Martinière - Mars 2005
Paysage d'automne
photo : www.causses-cevennes.com
POEMES D'AUTOMNE...
source : encyclopédie Larousse
Les saisons
Rouge, les feuilles de l'érable.
Orange les champignons des bois.
Jaune le soleil qui se voile
Marron, comme le tronc
Belles sont les couleurs de l'automne
Anne-Marie Chapouton (1939-2000)
Chanson d'automne (extrait)
Déjà plus d'une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis ;
Soir et matin, la brise est fraîche,
Hélas ! les beaux jours sont finis !
On voit s'ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor :
Le dahlia met sa cocarde
Et le souci sa coque d'or.
La pluie au jardin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
TIennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid
(...)
Théophile Gautier (1811-1872)
Papillons roux
Deux petits papillons roux
tourbillonnent, tourbillonnent
Deux petits papillons roux
tourbillonnent dans l'air roux
et tombe la feuille d'automne
Louis Codet (1876-1914)
C'est l'arrivée de l'Automne...
Quelques poèmes...
Automne
Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise
Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
Guillaume Apollinaire
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Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l'ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n'ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu'on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu'on foule
Un train
Qui roule
La vie
S'écoule
Guillaume Apollinaire
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Mais l'automne a aussi été décrit par des écrivains. Pour les Cévennes, nous pensons tout de suite à Stevenson dans "Voyage avec un âne dans les Cévennes". Ce voyage a en effet été effectué du 22 septembre au 4 octobre 1878 (du Monastier à Alais, son âne ayant été vendu à Saint-Jean-du-Gard).
Voici un extrait dans lequel l'automne est magnifiquement décrit : "Dans la vallée de la Mimente"
"Le mardi, 1er octobre, nous quîtammes Florac, bourrique fatiguée et conducteur de bourrique fatigué. Un petit chemin en amont du Tarnon, un pont couvert en bois, nous firent pénétrer dans la vallée de la Milente. D'âpres montagnes de roches rougeatres dominaient le cours d'eau. D'immenses chênes et des chataigniers croissaient sur les versants ou sur les terrasses pierreuses. Ca et là, un champ rouge de millet ou quelques pommiers surchargés de pommes écarlates, puis la route longea de fort près deux hameaux obscurs l'un deux nanti d'un ancien château-fort, haut perché, à réjouir le coeur du touriste. Ici encore il fut malaisé de découvrir un emplacement où camper. Même sous les chênes et les châtaigniers, le sol n'était pas seulement déclive, mais encombré de cailloux épars. Là où il n'y avait point de couvert, les montagnes dévalaient jusqu'au cours d'eau dans un préciposse rougeâtre tapissé de bruyères. Le soleil avait quitté les pics les plus hauts devant moi et la vallée s'emplissait du mugissement des cornes des bergers qui ramenaient les troupeaux à l'étable pendant que j'examinais une crique de prairies à quelque distance sous la route, dans un repli de la rivière."
En savoir plus sur Robert Louis Stevenson : cliquer ici.
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Papillons roux
Deux petits papillons roux
tourbillonnent, tourbillonnent
Deux petits papillons roux
tourbillonnent dans l'air doux
et tombe la feuille d'automne
Louis Codet (1876-1914)
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