Mais qui est Sidoine Apollinaire ?
Sidoine Apollinaire a vécu dans les Cévennes, il serait né vers 431. C'est un gaulois romanisé. Son père et son grand-père furent préfets des Gaules.
Vers 452, Sidoine se marie avec Papianilla (fille de l'empereur Avitus).
Pourquoi s'intéresser à Sidoine ? Tout simplement parce qu'il permet aux Cévennes d'apporter un des derniers témoignages de la civilisation gallo-romaine à partir d'une lettre et d'un poème.
La lettre est un témoignage des Cévennes puisque Sidoine y raconte l'accueil reçu chez des parents dans deux villas proches l'une de l'autre. Lors de son voyage, il serait passé par Nemausus.
Où sont situées ces deux villas ?
==> la première se situerait à Vorocingus chez son oncle Apollinaris.
==> la deuxième se situerait à Prusanum chez Tonance Ferréol, préfet honoraire des Gaules.
Il y a donc une lettre mais aussi un petit poème, écrit en 464-465 et qui s'appelle le Peopempticon ad libellum (Adieu à mon livre).
Sidoine traverse donc les Cévennes.
Il serait parti d'Aydat. Ensuite, il s'arrêta à Clermont chez Domitius (un grammairien), puis il alla à Brioude.
Ensuite, son itinéraire est flou. Il n'empruntera pas les grands itinéraires (celles qui sont jalonnées de vieilles bornes milliaires au nom des Césars).
En fait, il a suivi la très connue route Régordane (qui va jusqu'à Nïmes). Voir le tracé de la route Régordane dans le fichier ci-dessous.
La route de Régordane
Sidoine passera aussi par :
- la vallée de l'Allier
- la vallée de la Truyère (Triobris)
- la montagne de la Margeride
Puis Sidoine serait passé par Mende, par une draille antique : la draille de Serverette.
Mende est alors une petite bourgade , mais prend de l'ampleur, notamment suite à la destruction de Javols au IIème siècle.
Sidoine aurait écrit : "Tu verras une ville altière (comme veulent le faire accroire les gens du pays)... mais dans un puits (dans un trou)".
Plus tard, il doit se rendre à Trevidon dans la villa d'un personnage appelé Tonantius Ferreolus. Trévison serait en fait Saint-Laurent-de-Trêves (pas loin de Florac) selon les archéologues. Mais d'autres hypothèses existent. Trévidon pourrait également se situer au nord ou au nord-ouest de la Lozère (vallée du Lot...).
Petit à petit, Sidoine avance vers les Cévennes méridionales.
Sa route l'emmène en effet vers le versant méridional des Cévennes, dans le bassin des Gardons. Très certainement, Sidoine a pris les chemins antiques. Au départ de Florac, il y a une seule route antique qui suit le parcours suivant : Le Viala, Croupillac, Le Mazel, puis monte à Saint-laurent-de-Trêves, passe par le col du Rey. Notons au passage que de ce col, partait un chemin muletier, qui, en passant par Alais, Saint-Paul-La Coste, descendait jusqu'au gardon de la vallée de Mialet. Voir ici.
A partir du col du Rey, on ne sait pas exactement quel parcours a suivi Sidoine :
- A-t-il suivi la route des crêtes ? (la future Corniche des Cévennes) voie restaurée par Bâville. Est-il passé par la vallée ? A ce moment là, Sidoine serait passé par la route de Val Francesque, Sainte-Croix-Vallée-Française, le Martinet. Il faut remarquer qu'à partir du Martinet, au lieu de continuer par la vallée de Mialet, cette route remonte, vers le col Saint-Pierre. Le col Saint-Pierre est sur le parcours de la corniche des Cévennes. On peut y voir encore une vieille borne royale qui rappelait que le col Saint-Pierre faisait la jonction entre le Gard et la Lozère.
Encore du temps de Stevenson (donc en 1878), il fallait, à partir du Martinet, passer par le col Saint-Pierre pour descendre jusqu'à Saint-Jean-du-Gard.
Il est donc possible que Sidoine ne soit arrivé à Saint-Jean-du-Gard qu'après avoir fait un détour par St-Etienne-Vallée-Française, le Mazel et le Pereyret.
Le Pereyret est un endroit connu car c'est au niveau de ce mas que se retrouvent des pistes millénaires où passaient les transhumances. Par exemple, la très connue "voie Régordane" (déjà citée).
Plusieurs possibilités existent donc pour Sidoine. En tout cas, il doit arriver à Vorocingus ou à Prusianum. Il est accueilli dans "deux villas" dont "l'une regarde une plaine largement ouverte, l'autre des bois". Ces deux villas se situent vraissemblablement en dans la moyenne vallée des Gardons, entre Anduze et Alès d'une part, et Dions de l'autre. Pourquoi cette supposition ? Parce que Sidoine témoigne de la "transparence et du calme du lit de la rivière encombré de galets et pourtant si riche en poissons délicats". Les collines sont garnies d'oliviers et de vignes" ce qui n'est pas le signe que nous sommes très haut dans les Cévenens ! Il est cependant très difficile de situer ces deux villas car Sidoine ne nous donne pas assez de précision. Elles ont suffisamment distantes "pour rendre le voyage fatiguant mais trop courte pour qu'on monte à cheval".
Plus tard, Sidoine arrivera au terme de son voyage, Narbonne. Il serait notamment passé par Quissac et St-Mathieu-de-Tréviers.
En conclusion, et bien avant Stevenson, nous avons le témoignage d'un itinéraire (original) dans les Cévennes au travers des chemins qui existaient déjà à l'époque.
* Sources :
==> "Au coeur de la Cévenne avec ses écrivains", A.G. Fabre, éditions AZ OFFSET
==> Les lettres de Sidoine Apollinaire : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/sidoine/index.htm
Jean